TÉMOIGNAGE SUR MA PRÉSENCE DANS LE MONDE MUSULMAN.

FAIT A KINSHASA le 16 octobre 2009

par le Père MWISHABONGO MUKWANGA Norbert, M.Afr

Le groupe qui a reçu le témoignage du P. Norbert

En Janvier 2009, j’avais participé à Nairobi à un témoignage religieux d’un Pasteur de l’église pentecôtiste sur son expérience comme pasteur. Basant son témoignage sur le thème de : « Être disciple du Christ » (Discipleship), le pasteur avait défini la religion disant que :

“Religion is somehow a matter of failure in our relation with Christ. The problem is not the failure but “ the how” do you deal with that failure? Where does it take you to? Etc. » ( La religion est en quelque sorte un problème d’échec dans sa relation personnelle avec le Christ. Le problème n’est donc pas l’échec mais, « le comment » tu gères cet échec dans ta relation personnelle avec le Christ? Où te mène t-il cet échec? Que fais-tu de cet échec? Etc. )

Définissant ainsi la religion, le pasteur soulignait l’importance du fait d’être disciple du Christ jour après jour, pour : et le ministre et les fidèles chrétiens. Le pasteur est donc appelé à veiller pour que la religion qui est en quelque sorte un problème d’échec dans sa relation personnelle avec le Christ, aide et conduise les fidèles chrétiens à l’affermissement et l’approfondissement de leur relation personnelle avec le Christ. Cet échec doit donc conduire les chrétiens à rendre de plus en plus présent le Christ dans le monde et pour toute l’humanité et cela par son vécu quotidien.

Ma présence comme chrétien Missionnaire d’Afrique (Père Blanc) dans le monde musulman ne consistera pas à enseigner ou donner des conférences sur la théologie, le droit canon, la Bible, les dogmes, etc., mais elle consistera et sera principalement de rendre Jésus activement présent par mon être et mon vécu quotidien. Ma présence sera non de témoigner de l’amour du Christ mais de témoigner de la question de l’amour du Christ, la question de l’amour de Dieu à l’humanité tout entière, cet amour qui m’interpelle, me dérange et me pousse dans la liberté, à quitter mon pays la R.D. Congo à majorité chrétienne pour aller dans un monde musulman (librement choisi) qui a une très insignifiante présence chrétienne.

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Je pars dans le monde musulman avec l’espérance de rencontrer mes frères et sœurs qui sont d’abord des êtres humains comme moi avant d’être musulmans, j’espère donc partager leur vie, leur souci, leur joie, le peine… et leur questionnement et cela par mon engagement humain (social) dans le quotidien de leur vie. Je partirai volontiers, une fois que j’aurai mon visa, pour être non « témoin de Dieu » mais « témoin de la question de Dieu ». De cette manière, vivant au cœur de la réalité de la vie avec mes frères et sœurs du monde musulman, nous pouvons ensemble essayer de répondre à la question de Dieu.

Dieu ne nous demandera pas qu’est ce que tu as étudié comme théologie, Bible…, combien de livres as-tu écrits ? Combien de thèses as-tu présentées ? Combien de prédications as-tu faites ? … mais bien une simple question : « Qu’as-tu fait de ton frère ? Qu’as-tu fait de ta sœur ? » (cfr Matthieu 25 : 31-46). La réponse à cette question fondamentale n’est pas : tu as étudié la théologie, la mariologie, les dogmes… mais : « Tu m’as accueilli, tu m’as vêtu, tu m’as donné à manger, tu es venu me visiter, tu m’as donné un verre d’eau à boire, etc. »

Voilà donc mes frères et sœurs qui m’écoutez, ce que sera ma présence dans le monde musulman. Merci donc de m’avoir écouté et merci d’avance pour votre soutien afin que ma présence dans le monde musulman soit effective et fidèle dans la joie comme dans la peine, à tout ce que je viens de partager avec vous.

Parmi les questions posées, en voici une :

Tu viens de partager sur l’essence de ta présence dans le monde musulman, mais pourrais-tu nous dire, même si tu parles de ta présence comme fondamentale, qu’est ce qui sera le plus important dans ta présence : la théologie Biblique, dogmatique, systématique, etc ?

Comme je l’ai déjà dit, ce qui sera vraiment important pour moi dans le monde musulman ne sera pas d’abord la théologie soit dogmatique, Biblique ou systématique mais le SERVICE. La théologie qu’importe sa forme que j’ai d’ailleurs étudiée à Tangaza College, (Université Catholique de l’Afrique de l’Est) [CUEA] à Nairobi, me sera d’importance pour ce que je considère être le plus important : le Service, dans mon jour le jour de la vie avec mes frères et sœurs du monde musulman. Pour reprendre ici d’une autre manière ce que j’ai déjà dit, la question ne sera pas qu’est ce qui est le plus important ? mais est-ce par toi moi (Dieu, Jésus Christ, Saint Esprit) j’ai été vraiment présent pour les chrétiens, musulmans, athées, etc ? L’important, comme nous pouvons d’ailleurs nous inspirer de Jésus-Christ lui-même, n’est pas tout ce qu’on a acquis comme théologie ou connaissance… mais bien le SERVICE. 

Les photos qui illustrent l'article ont été prises, il y a quelques années, à la léproserie de Kampene (Prov. du Maniema - diocèse de Kasongo). Norbert aide un malade agé qui souhaitait assister à la messe dite par le P. Baudouin Waterkeyn (ndlr).